Chauffe Marcel!
Fais péter ton poêle à bois
Auteur : Rafale Papier
Zine : Rafale #19bis
« Juré craché. La prochaine fois que le type qui vient relever le compteur GDF
passe par ici, c'est un coup de tatane dans la nuque, du gaffer sur la bouche,
je le charge dans le coffre de la 106, et on va discuter dans les bois. En one
to one. »
Allons, allons mon petit. Calme-toi.
On sait, l'hiver approche, apportant sa déprime, ses vautres sur le verglas et
ses factures énergétiques qui triplent… tu geekes pendant des heures sur de la
merde, repoussant l’instant fatidique – plus le choix – il faudra bien allumer
les radiateurs : les quatre couches de sape et les mitaines déchirées ne
suffiront plus à combattre le froid. Bien-bien… Tonton Rafale est là pour te
proposer un début d'esquisse de toute petite solution : tu vas te fabriquer un
poêle à bois, mon cousin. Tranquille. Si malgré tout, l'envie de ressortir ta
corde d'escalade usagée pour ligoter quelqu'un à un arbre est trop forte,
contacte-nous : on a l'adresse du directeur général de GDF. Juste comme ça...
Les techniques pour fabriquer son poêle à bois à partir de bouteilles de gaz
vides se répandent de plus en plus. On en voit de toutes les formes et de toutes
les tailles. Des plus ou moins beaux ; des plus ou moins fonctionnels. Ici, nous
allons décrire comment fabriquer un petit poêle de masse. Libre à toi de le
perfectionner, suivant les principes généraux énoncés.
Ce schéma paraît tout à fait barbare. Mais pas d'inquiétude, il n'est pas
nécessaire d'être bricoleur pour le mettre en application. Pour te le prouver,
une première explication sommaire. Tu peux y voir, en quelque sorte, deux
chambres de combustion. La première, dans l'extincteur, est le foyer classique
où tu cales ton bois. La fumée monte dans le tube et gagne la partie supérieure
; elle y tournoie, avant de s'échapper par la sortie. En fait, ce second espace
va servir à « rebrûler » la fumée : une espèce de vortex se crée à l'intérieur.
La fumée sort finalement plus « froide » que dans un poêle classique de type «
rocket », avec un seul foyer. Tu perds donc moins de chaleur.
D'autant que du ciment réfractaire est coulé autour de l'extincteur ; il
conserve très bien la chaleur, et la restituera dans ta pièce une fois le feu
éteint. Toujours au rayon principes, sache qu'il est important de respecter deux
règles mathématiques
pour obtenir un bon tirage :
• Tous les « A » doivent avoir la même dimension.
• Il faut que « B » soit équivalent au double de « A ».
Passons à la réalisation, maintenant.
En tout premier lieu, tu dois vider soigneusement la bouteille de gaz et
l'extincteur ( Pour le choix et l'ouverture de l'extincteur, on te renvoie à
l'article « Peinture à l'extincteur »). On déconne pas avec
le gaz ! Ce n'est pas difficile, il suffit de suivre méthodiquement cette
méthode : tu laisses l'objet à l'extérieur, robinet ouvert, pendant deux ou
trois jours.
Il faut ensuite que tu jartes le robinet - chope une grosse clef à molette pour
le desserrer à sa base, au niveau du carré.
Problème : il est très, très serré. Le mieux, c'est de bloquer la bouteille en
la serrant dans un étau au niveau de son socle, et de se servir d'un gros tube
(dans lequel tu as glissé la clef à molette) pour exercer un effet de levier.
Courage. Tu vas en chier mais ça se fait. Et là, étape primordiale, tu remplis
de flotte la bouteille de gaz, histoire d'enlever les dernières poches de gaz.
Ensuite, tu vides le tout, tu t'allumes un bédo et tu te poses : tu peux
dorénavant passer au meulage sans risquer ta vie.
Retourne chez Casto chourrer une dizaine de disques. Une fois équipé, commence
par décapiter la bouteille de gaz, puis meule quatre trous - un pour glisser
l'extincteur dans la bouteille de gaz, un autre pour le tube de sortie, un
troisième dans l'extincteur (pour le tube qui relie les deux chambres), et un
dernier pour la vanne quart de tour.
Voici venu le moment de découvrir l'avantage du ciment réfractaire, en plus de
ses propriétés thermiques : il te permet de faire ton poêle sans un seul point
de soudure. En effet, une fois que tu as tout bien disposé (extincteur et
tubes), tu coules ton ciment réfractaire : il va tout maintenir en place.
Auparavant, tu auras évidemment pris soin de boucher avec du scotch et du PQ
tous les trous par lesquels le ciment pourrait s'échapper.
Il faut laisser sécher longtemps – trois semaines !
Pendant ce temps, attaque-toi à la porte de l'extincteur, au couvercle et à la
pose du robinet. Ici, il y a autant d'écoles que de gonzes qui fabriquent leur
poêle. Une constante, toutefois : il ne faut pas faire l'impasse sur
l'isolation, le moindre trou pouvant laisser échapper de la fumée.
Et c'est con, mais le monoxyde de carbone est tout à la fois inodore, invisible…
et mortel. Danger. Pour bien isoler, donc, rien de mieux que le joint en fibre
de verre, que tu colles avec de la colle réfractaire au niveau du couvercle et
de la porte de l'extincteur.
C'est ici qu'est utile le système de fermeture à levier (l'un de ceux permettant
de fermer une malle avec un cadenas) : il vient presser le couvercle ou la porte
tout contre le joint quand tu veux les fermer.
Voilà pour les principes généraux ; libre à toi de les personnaliser à ta sauce.
De notre côté, il nous a semblé important que le foyer principal soit placé plus
haut, on a donc superposé deux extincteurs. La grille au-dessus du cendrier est
faite avec une grille de trottoir – celles à travers lesquelles coule l'eau de
pluie avant de plonger dans les égouts – et le couvercle est meulé dans une
plaque en fonte des Télécoms (Un sincère mea culpa auprès de celui qui y a
laissé son genou gauche : ça t'apprendra à ne pas regarder où tu marches...). On
a en outre calé deux robinets pour avoir plus d'entrée d'air. Et enfin, autour
du tube qui va de l'extincteur à la deuxième chambre de combustion, nous en
avons glissé un autre, de deux centimètres plus large ; puis nous avons coulé du
ciment entre les deux, de sorte que la fumée refroidisse davantage en montant.
Voilà, tu as ton poêle. Tu peux te chauffer cet hiver, bien. Va tout de même
ressortir la corde qui prend la poussière sous les escaliers : on se monte une
équipe et on va dégoter le PDG de GDF. Juré-craché.
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