Infiltration et Camouflage - Partie 2 Auteur : Anonyme Zine : Rafale #21 Le retour de la vengeance de la suite!!! Le comportement Le camouflage, quelle que soit son application, est un comportement. Rien d'autre. Rien ne sert d'avoir la meilleure Ghillie (c'est relatif) ou être recouvert d'aluminium pour réchapper à une FLIR, si on a un comportement qui laisse une grande place au hasard. Que ce soit en infiltr, en PO, en rens ou TP, THP ou exfiltr, il y a des règles à suivre et des lignes à tenir. N'étant pas un fana des règles brutes, je préférer les lignes. Seul compte le résultat. L'application du camouflage se découpe en 3 morceaux: 1- L'infiltration, c.a.d l'approche 2- Le boulot (PO, visée/tir...) 3- L'exfiltr. L'infiltration ou approche de l'objectif. Quel qu'il soit, humain ou animal, l'objectif doit bien sûr être approché dans la plus grande discrétion. Je ne ferai pas une approche mili de ce domaine, mais resterai dans l'usage pur du camo. Ce qu'il faut leurrer, ce sont les sens de celui ou de ce qui est censé nous observer. Il faut donc toujours se considérer comme observé et agir en conséquence; ce qui vaut pour nous vaut pour les autres. Le meilleur moyen de s'infiltrer furtivement est de ne pas nourrir le cerveau d'en face. Pas de forme reconnaissable, pas de bruit ni d'odeur suspects. Ce qui veut dire que nous pouvons faire du bruit et avoir une odeur, mais ils ne doivent point jurer avec l'environnement. Le premier réflexe, et la première erreur, consistent à vouloir copier. Mieux vaut ressembler au vide qui entoure un buisson plutôt qu'au buisson lui-même. L'être humain peut être leurré très facilement. L'animal est à considérer comme un humain bardé de capteurs et de senseurs modernes. Quand je commence une approche, je me suis renseigné au préalable sur ce que je vais approcher. Logique. Mais je tiens compte d'abord de la nature de celui ou ce que je veux approcher. En approche, la méfiance est l'ennemi du camouflage. Un être qui ne se méfie pas peut passer à côté de nous sans nous remarquer, même si nous sommes sans camo. Un être méfiant va scanner le paysage à la recherche de ce qui le trouble. Le boulot est alors compromis. Infiltrons nous lorsque la méfiance et la vigilance se relâchent. Certaines heures sont plus propices à cela. Les heures que la nature nous impose d'utiliser pour le repos et la digestion. après un repas ou aux heures creuses de la nuit, l'homme est moins vigilant. Ses sens sont perturbés par le rythme non naturel qu'il s'impose. Un homme qui a faim est perturbé. Un homme qui digère est moins vigilant. C'est la nature qui dicte ses règles. Un homme qui veille entre minuit et son réveil habituel du matin , entraîné ou pas, lutte contre son rythme naturel. C'est là que l'infiltration doit avoir lieu. Tout ce qui nous perturbe doit être retourné à notre avantage. La digestion nous menace du sommeil. La nuit, on n'y voit rien. Premier souci. Les appareils IR et IL sont générateurs de stress, souvent par effet tunnel. Il y a aussi l'imaginaire nocturne (la peur du noir). Le sommeil, bien sûr, un rythme contre nature (nous sommes diurnes) et le froid, surtout au moment où la nuit se termine, parce que tous les facteurs physiques et psychiques sont additionnés... Si nous voulons réussir notre infiltr, pour une mission humaine, anti-matos ou être en place à l'aube pour un affût animalier, il faut être comme un poisson dans l'eau dans le monde de la faiblesse des autres. En conséquence, notre rythme de vie est modifié, le temps de l'opération. Voilà le premier comportement. Il est dicté par la Nature elle-même. Il faut agir aux moments où votre objectif est affaibli par sa propre nature. La marche d'approche Toujours, en infiltration, Voilà le chapitre dédié à la marche d'approche et au comportement approprié aux déplacements discrets. Ce domaine est primordial, parce que la qualité d'une marche d'approche conditionne l'infiltr elle-même. La marche d'approche commence là où le risque d'être observé devient une réalité. Il n'est nullement question de distance (Cf."le désert des Tartares" de Dino Buzatti). A partir de ce point précis, il y a un ennemi supplémentaire: la précipitation. L'approche est technique parce qu'elle est lente et pleine de précautions. Si l'on ne respecte pas cette évidence, la sanction est sans appel et immédiate. On est repéré et compromis; fuite de l'animal à photographier ou à observer dans un cas, neutralisation par l'adversaire dans l'autre. L'adrénaline ou l’excitation nuisent à l'approche, par le trouble psychique qu'elles apportent et par l'impact physique qui nous pousse à la faute. Avant de commencer une marche d'approche, posons un genou à terre et calmons nous. A partir de ce moment seulement, de cette base de départ, il faut s'allumer comme un appareil. Tous les sens et éveil et concentration sur le déplacement. La marche d'approche est fatigante. Il ne peut en être autrement. C'est le résultat de la conjugaison des précautions qu'on prend et du stress inhérent au souci d'être repéré. après avoir essayé des tas de manières différentes, je suis convaincu qu'une marche d'approche doit être lente mais fluide. Marchons tranquillement, à allure lente. Durant mes journées d'obs animalière, il m'arrive d'avoir une fréquence d'un pas par minute. C'est lent, mais pas assez pour certaines espèces. L'allure évolue en fonction du risque qu'il y a de se faire repérer. Par grand vent, l'allure peut être plus rapide, surtout si l'on se trouve dans une végétation dense qui s'agite. On suit le mouvement. Le mouvement doit être fluide, parce que le saccadé n'apporte rien. Il jure dans l'environnement par le côté "décortiqué" qu'il revêt. Si l'on doit bouger une jambe, mieux vaut le faire lentement mais régulièrement, que d'un coup et sèchement. Le mouvement façon balancier de caméléon jure avec l'environnement, sauf par grand vent. Ne marchons pas comme un robot, parce que cela n'a rien de naturel. Notre stature debout est déjà une alarme dans la nature; si en plus, on adopte un comportement qui n'est pas naturel, ça hurle tous azimuts dans la verte et ça, vous le savez, c'est tout ce qu'il faut éviter. Le mouvement doit être fluide et "étroit". Si l'on doit sortir quelque chose d'une poche, évitons de le faire avec des mouvements amples. Pareil pour boire ou simplement réajuster son boonie hat. Perso, je fais glisser mes mains contre moi jusqu'à leur destination. C'est excitant dans certains films pour adultes, mais très utile en infiltr. Si on tombe dans le champ de vision de quelqu'un mieux vaut ne pas ressembler à un sac de vers animé de spasmes. La stature la plus communément employée en marche d'approche, que ce soit en combat ou en animalier, c'est la demi station, entre l'à-genoux et debout. Courbé, en avant. Ca suffit à dérouter un animal qui peinera à vous identifier et à dérober votre silhouette à un regard humain. Si vous devez vous relever, faites le avec fluidité; tout le contraire d'un cheval, par exemple. Pareil pour vous agenouiller. La position allongée sera au chapitre PO/affût fixe. La priorité, dans le déplacement lent, étroit et fluide, c'est de rejoindre un endroit ou un élément du décor qui avale votre silhouette. Progressez par "bonds" et choisissez votre "réceptacle". Bien sûr, si vous êtes en DPM, un rocher blanc n'est pas recommandé... geek Concernant la marche, elle-même, c'est à dire comment poser le pied, il n' y a pas 36 solutions pour éviter les décibels. Mieux vaut, lé, savoir ce qu'il ne faut pas faire. Ne marchez pas sur la pointe des pieds, parce que tout votre poids se retrouve sur votre pointe. Sur une brindille, c'est déjà le vacarme. En plus, on ne tient pas longtemps. Pareil pour la marche sur les talons. Ca laisse des traces profondes qui ne trahissent que l'Homme. En plus d'être ridicule, c'est inefficace au possible. La marche sur l’arête extérieure du pied est efficace, mais très mauvaise pour le dos et les genoux, surtout les tendons. Croyez moi... Ce qui est efficace, c'est la marche normale, simplement améliorée. Posez d'abord le talon et déroulez bien le pied, en vous assurant qu'aucune partie du pied ne vole la vedette. C'est 100% du pied qui doit se poser et pas 70%. Le poids est alors réparti de manière optimale et les risques d'être bruyant diminuent (mais existent toujours!!). C'est en marchant normalement qu'on réparti au mieux son poids. Le pied bien à plat vous garantit de la discrétion et une économie certaine de fatigue musculaire et tendineuse, en particulier sur de longues distance. Mais cela ne marche que si l'on est lent et patient. Sur de l'herbe touffue et épaisse, comme dans des ronces, fendez la végé avec pointe du pied, comme la proue d'un navire; ensuite, quand vous êtes sous la végé, reprenez le déroulé du pied. Il est dangereux, voire compromettant, de tenter le pas suivant si l'on est pas stabilisé. Assurez chaque pas. Et passez au suivant. Combien de fois j'a manqué de tomber et ai fait du bruit, parce que je perdais l'équilibre, à cause d'une mauvaise stabilité. L'homme n'a pas la stabilité du héron, il faut juste l'accepter! Concernant les chaussures, c'est pareil, il n'y a pas de modèles parfaits, mais il en existe à éviter. Pas de rangers françaises à boucles. Autant se mettre des sabots. Pas de bottes en caoutchouc. Ne riez pas, dans Action Immédiate, Mc Nab, alors en Irlande du Nord avec les Green Jackets, parcourt la campagne avec des bottes en caoutchouc... Elles ne permettent pas une grande stabilité. Pas de chaussures à semelle rigide, type Makalu, glacier ou Galibier. Impossible de dérouler le pied ou de marcher avec souplesse, parce qu'elles sont faites pour le contraire. Les rangers type Swat sont très bien, même si elles ont la fâcheuse tendance à n'être que noires, sauf un modèle de Chiruca. Pensez à l’étanchéité. Perso, j'utilise, certains le savent déjà, des chaussons néoprène pour la plongée sous marine. Ca respire pas du tout, mais c'est vraiment idéal pour la marche silencieuse. Le seul hic provient de la sensibilité de la voûte du pied, qui augmente à mesure que l'épaisseur de la semelle diminue. Pas l'idéal pour courir avec en cas de compromission, mais ce sont les plus silencieuses. Pas possible non plus d'y greffer des guêtres. Mais, si besoin de guêtres il y a, cela veut souvent dire sol mouillé et donc, souple, donc, chaussures plus "viriles". Les chaussons doivent être ceux destinés aux plongeurs et non aux pécheurs, car ce sont les plus souples. Ils sont conçus pour des marches d'approche sur récifs ou rochers et sont assez résistants. Le compromis que j'utilise le plus souvent est la basket de rando, basse ou haute. Salomon en fait d'excellents modèles, dans des tons neutres, voire terre. La basket traditionnelle est bien aussi, mais attention aux chevilles; faut juste les teindre ou les peindre, avec un risque de "pied touareg". Les Seal's en utilisaient au Vietnam. Avant de clore ce chapitre, il convient logiquement d'ajouter que pour marcher en silence ou, à défaut, discrètement, il faut d'abord regarder où on pose le pied. Les sols dégagés doivent être privilégiés, mais attention aux traces visuelles. Il convient d'accepter que sur certains sols, genre une hêtraie très sèche saturée de brindilles, il est presque impossible de marcher sans bruit... La végétation humide est une alliée pour la discrétion, la végé sèche, pas du tout. Voilà pour le comportement à adopter pour une marche furtive et silencieuse, mais la suite portera sur la marche sans trace; et c'est là une autre paire de manches! Les traces Essayons maintenant de marcher sans laisser de trace Rien ne sert d'être un maître du silence si même un aveugle repère vos traces. Trois éléments sont à prendre en compte: la nature du sol, son "encombrement", les conditions météo. La nature du sol: autant le dire tout de suite, il n'y pas de sol idéal, mais certains valent mieux que d'autres. Le sable est un ennemi pour les traces. La boue, pareil. Bien sûr, c'est valable pour tout le monde. La poussière, pareil. Tout ça est une lapalissade. Tout ce qui aspire votre semelle est à éviter. Les sols rocheux sont très complices, à condition de ne pas laisser de rayures de crochets de guêtres ou autres éléments métalliques (trépieds, armes, bayo...). Attention de ne pas retourner de pierre. Si vous crapahutez dans un lit de cours d'eau ou une zone d'éboulis, attention à ne pas faire basculer de pierre. L'impact sonore est immédiat et souvenez-vous toujours qu'une pierre est propre dessus et sale dessous. Il n'y a aucune raison de trouver une pierre sale isolé dans un champ de pierres propres! Concernant tous les sols qui marquent, comme la boue, n'hésitez pas (testé et approuvé), à vous munir d'une branche de buisson bien fournie et fraîche (surtout), que vous aurez coupée à l'écart de votre passage et avec délicatesse (recouvrez la coupure du tronc avec de la boue ou de la terre mouillée, histoire que le bois clair ne flashe pas. Perso, je préfère une cassure basique qu'une belle coupure. Avec un peu de boue sur le moignon restant et le tronc, ça peu donner l'impression que c'est un sanglier qui est responsable... ). Pour les petites tâches sableuses, boueuses ou poussiéreuses, marchez sur la branche, ça ira bien. Pour les distances plus longues, le dernier efface les traces avec la branche. Sur les pistes boueuses, comme je suis léger, je marche dans les traces de tracteur, les empreintes de pied déjà existantes ou sous les talus. Le marcheur lambda a plus tendance à regarder devant et au-dessus, que dessous, en particulier s'il marche en milieu de route ou de piste. Plus l'itinéraire est fréquenté, plus vos traces se fondent. Attention toutefois à ce que vos traces ne jurent pas avec l'environnement. Une trace de ranger sur un chemin de jogging se voit, surtout sur un sol meuble. N'oubliez pas qu'en crapahut, on est tous plus chargés qu'un jogger et que nos empreintes seront plus profondes. Si vous savez que vos traces vont être recouvertes rapidement par un véhicule, prenez le risque. Attention au milieu campagnard. Il y a toujours quelqu'un qui voit quelque chose. Les ruraux sont observateurs, rendent compte facilement, voire dénoncent. Mais ce sont des gens d'habitude. Profitez-en. Passez par les endroits qui n'ont pas d'intérêt pour eux et où ils ne mettront par leur nez. Champs en jachère, cours d'eau en dehors des périodes de pêche, haies, ronciers... Connaître les habitudes rurales évite bien des soucis. Si vous devez traverser un champ de labour, marchez de préférence dans le sens des sillons et privilégiez le côté du champ déjà utilisé (plantage ou arrachage). Si vous le pouvez, bien sûr. Privilégiez les heures nocturnes, car face aux agriculteurs, il n'y a pratiquement aucune chance de les croiser la nuit. Ils se lèvent et se couchent tôt. Si le sol n'est pas meuble au point de mouler vos empreintes, marchez le pied bien à plat et favorisez la marche rectiligne. Ne zigzaguez pas. 5 loups ne laissent qu'une seule trace, imitez-les. Toutes les solutions sont dans la nature. Prenons l'exemple typique de la coulée. La coulée est la trace que laisse un animal qui va se nourrir (gagnage). Dans un champ; la trace d'un animal, du gabarit inférieur au pachyderme, est droite et étroite. Celle d'un homme qui marche sans précautions est large et en escalier. Signe des pieds humains, l'escalier, c.a.d, les pieds à plat et à l'extérieur. Si vous devez traverser un champ d'herbe, marchez à la top modèle; pieds droits, qui se chevauchent, talon contre gros orteil. On a l'air con, mais ça marche. Attention toutefois à la perte d'assise au sol qui nuit à la stabilité. L’œil exercé spotte une trace humaine très facilement. Collez un max à ce que font les animaux. Mais, contrairement à eux, ne pissez ou ne chiez pas sur ou prés des chemins! Avec l'habitude (on ne rit pas), j'arrive à différencier l'odeur des rejets animaux et humains. Faites l'expérience. A chaque fois que vous pissez, vous sentez ce que vous venez de manger. Pareil pour les animaux. L'urine et les crottes sentent ce qu'ils mangent, donc, majoritairement, l'herbe. Ca sent un peu le foin chaud et humide. Nos odeurs inavouables sont plus acides, conséquence directe de notre régime carné et omnivore. Sans parler du PQ. Pour éviter qu'un soulagement vous trahisse, utilisez votre pelle et recouvrez tous ça avec soin. Mc Nab et Ryan ne me contrediraient pas. Faites comme les brésiliens dans la jungle, qui ne machettent pas ou peu en progression. Ne modifiez pas le paysage sans raison. Mieux vaut faire un détour ou se courber que casser une branche à hauteur d'homme. Gaffe absolue aux toiles d'araignées. Si on se remet de la morsure d'une épeire en pleine poire (même si c'est po marrant), on se remet moins de la traque d'un mec qui a compris que l'absence de toile d'araignée sur un chemin à sa hauteur signifie que quelqu'un est passé avant lui. Sur un chemin fréquenté, personne n'y fait attention. Si ça arrive sur un chemin privé ou un itinéraire de patrouille, ça craint. Je prends ma pause repas, le chapitre trace visuelle continue [...]. A plus! J'suis a court d'idée: Aujourd'hui, je suis au boulot, mais vu qu'il neige comme vache qui crache, personne ne vient visiter mon beau musée, à part un groupe de bibiches plutôt appétissantes, ce matin... C'est un des avantages du métier de guide, même si la plupart du temps, c'est des groupes de vieux... Bon, je continue le chapitre dédié aux traces visuelles. Pour en finir sur la nature du sol, hormis les 3 sols cités ci-avant et qui sont très compromettants, les sols forestiers et herbeux, s'ils sont soumis à un régime pluie-soleil équilibré, et s'ils ne sont pas trop encombrés, sont praticables sans trop de précautions à prendre. Mais l’encombrement du sol joue énormément, (la couverture du sol). L'herbe basse, sèche ou non, pas de souci. L'herbe moyenne à haute, ça commence à être délicat, surtout si elle est très mouillée ou très sèche. Vous comprendrez que l'encombrement pose problème en fonction du climat. Ces deux points seront abordés ensemble. Dans une jachère sèche ou grasse, votre passage laisse une trace claire durable. La hauteur humaine y est identifiable. La poussière qu'on peut y soulever, aussi. Gaffe aux graminées, qui crachent beaucoup de poussière. Le déplacement debout laisse des traces, mais c'est pire quand on rampe. Un homme qui rampe dans un champ gras de pluie ou de rosée laisse ce que les militaires appellent une "traînée d'escargot", surtout avec un drag bag. Des fois, on n'a pas d'autre choix que de se déplacer aux heures de la rosée. Perso, je suis pas fan du rampé; quand je peux l'éviter, j'évite. Je préfère le rampé haut, à la limite du déplacement sur le flanc, façon GI blessé qui rampe dans les films. Silhouette basse, moins fatigante et moins douloureuse. De toute manière, si vous sentez que quelqu'un observe, ne bougez plus. Un oeil perçant sait que l'herbe ne bouge pas toute seule et que le vent n'y fait pas le même effet. Souvenez-vous que même un mulot fait remuer l'herbe, même basse. En marche d'approche, les mouvements fluides mais réfléchis évitent trop d'impact visuel. Regardez où vous posez le pied, à chaque pas et dites vous bien que chaque pas en avant vous permet de voir un nouvel aspect du terrain (la perspective change à chaque pas). Si le vent souffle, faites comme tout bon phasme, déplacez vous avec, avec sa fluidité. Le vent courbe, agite; les êtres font trembler et secouent beaucoup plus sèchement. Le rampé, bas ou haut, laisse des traces, y'a pas à tortiller. C'est pour ça que je suis pas très fan. Plus le sol est sec ou plus il est gorgé, plus le risque de traces est important. Une terre craquelée avale vos pas et les moule, s'il pleut par dessus. Des Homo Erectus en ont laissé des célèbres..; il y a plus de 200 000 ans! Une prairie détrempée a l'indélicat effet d'absorber vos traces comme une éponge, de les mouler et d'en faire de très jolis petits miroirs en forme de chaussures!! En forêt, les feuilles sont à considérer sérieusement. Sèches à très sèches, elles peuvent être aussi glissantes que de la glace, surtout en forêt de montagne, croyez-en un mec qui s'est vautré souvent dans ces conditions. C'est même dangereux, dans les pentes délicates. mouillées, c'est aussi glissant et c'est là que la trace se rajoute au danger de chute. Si vous glissez en forêt, sur de l'humus bien gras, retournez-vous et observez la trace que laisse votre chaussure dans la terre noire. Un creux en demie-lune avec les sillons latéraux de crampons qui suivent le mouvement. Cette trace n'a rien d'animal. Les ongulés qui glissent sur des talus, ou qui rippent, laissent une griffure étroite qui est l'exacte impression d 'une empreinte, mais allongée. Un homme qui chute va chercher instinctivement à se rattraper sur les mains, donc peut pivoter et modifier l'axe de son pied. La trace est vraiment très différente. A la longue, on finit même par faire attention à ne pas laisser de chute visible! Sur les sols réellement encombrés de brindilles ou de ronces, la logique veut qu'on glisse son pied dessous la chappe qui encombre, pas qu'on marche comme un aurochs en rut par dessus. Attention aux ronces! Leurs feuilles sont très foncées dessus et blanches dessous. Un roncier intact non chamboulé n'a aucune raison de vous montrer un autre visage, vous comprendrez ce que ça veut dire. Attention aux milieux végétaux uniformes, ceux qui n'ont qu'une seule espèce. Une modif due au passage d'un homme est beaucoup plus flagrante qu'en milieu diversifié. Cf. La déception et la perturbation de l’œil. Avant de finir, n'oubliez pas tout ce qui peut laisser une trace visuelle à votre insu, je parle du matos. Pointe ferrée d'un béton de rando, toile de jute qui laisse des brins, fourreau de bayo qui raye un rocher, sac à dos qui va casser une branche qu'on avait soigneusement évitée. Gaffe aux poches latérales du Bergen qui dépassent souvent de notre propre largeur. Attention à ces crévindiou de sangles externes qui vont crocheter la branche qui va vous trahir. Voilà une des raisons pour lesquelles j'aime plus les ghillies pour leur côté esthétique que pratique. Y'a rien de pire que de s'accrocher partout et laisser des traces involontaires. Des poches mal fermées et qui sèment des papiers de chewing-gums peuvent faire un effet bœuf dans le cœur et l'esprit d'un traqueur. Enfin, comme dans toute logique camoufliste, il est à proscrire de marquer un biotope par un élément d'un autre biotope. Pas de trace mouillée sur des rochers secs, même si ça sèche vite. Pas de sable de lit sur une grève pierreuse (en sortant de l'eau, on projette souvent du sable); Si vous coupez une branche de hêtre pour effacer vos traces, ne la jetez pas dans un milieu de noisetiers... Concernant la neige, il n' y a pas de miracle. Il faut seulement espérer que personne ne passe là où vous êtes passé. même un pet laisse une trace sur la neige. la neige très dure peu faire exception, mais c'est rarissime. Concernant les traces visuelles, ça peut sembler étrange, mais j'ai fait mes armes en allant aux champignons et en essayant de savoir si quelqu'un était passé avant moi ou pas. C'est une très bonne école. Voilà pour les traces visuelles, ce qui clôt le chapitre de la marche d'approche. La prochaine fois, je m'intéresserai à l'affût/PO. |